Camille  Bloomfield

poésie · traduction · enseignement · recherche

Valentine 2.0

À chaque 14 février, alors que l’air est satu­ré de cœurs rouges, de roses blanches venues de l’autre bout du monde, et de cho­co­lats trop sucrés, j’ai envie de repar­ler de ce livre, Drôles de Valen­tines, et de ce que la Saint-Valen­tin est aus­si, au départ : une tra­di­tion poé­tique qui remonte au Moyen Age, avec sa forme propre : la « valen­tine ». Natha­lie Koble a réa­li­sé en 2016, pour les splen­dides édi­tions suisses Héros-Limite, une antho­lo­gie bilingue de valen­tines, allant des poètes cour­tois jusqu’à aujourd’hui. J’y publie – en excel­lente com­pa­gnie – un texte un brin désen­chan­té mais aus­si un poil rigo­lard, inti­tu­lé « Valen­tine 2.0″…

4e de cou­ver­ture : La tra­di­tion poé­tique de la Saint-Valen­tin du Moyen Age à aujourd’hui, antho­lo­gie bilingue.

  • La tra­di­tion poé­tique de la Saint-Valen­tin est d’origine cour­toise. Née au XIVe siècle en temps de guerre, en Angle­terre puis en France, elle est d’emblée bilingue : sous la plume de Chau­cer, John Gower, Chris­tine d’Orléans ou Chris­tine de Pizan, elle trans­pose dans la langue poé­tique le désir et la dif­fi­cul­té de l’échange, sou­vent avec imper­ti­nence. La cir­cons­tance amou­reuse fait de l’activité poé­tique le lien qui soude une com­mu­nau­té où chaque voix s’exerce à la varia­tion, thé­ma­tique et for­melle, pour dire, dans les formes du temps, « je t’aime…», ou bien «… moi non plus ».
  • Cette « for­mule valen­tine », asso­ciée au rituel du calen­drier et à la fête col­lec­tive, a eu de beaux jours devant elle : en Angle­terre, plus dis­crè­te­ment en France, chez les poètes amé­ri­cains les plus nova­teurs, la Saint-Valen­tin nour­rit une tra­di­tion poé­tique à la mémoire dis­con­ti­nue, qui tra­verse les époques, les conti­nents et les styles. La pré­sente antho­lo­gie met au jour cette tra­di­tion dans ses deux langues de nais­sance, pour en sou­li­gner les lignes de force, des ori­gines à aujourd’hui. La tra­duc­tion des textes, anciens et contem­po­rains (pour la plu­part inédits) s’efforce de mettre en valeur les expé­riences for­melles et les énigmes qui sont en jeu dans ces valen­tines, pour en sai­sir l’art de la cir­cons­tance et le trait d’esprit.